La Fabrique d’expériences

De quelles figures historiques, de quelles nouvelles statues avons-nous besoin pour le XXIe siècle ?

L’historien Patrick Boucheron s’entretient avec des penseurs et des créateurs d’aujourd’hui, désireux d’embrasser toute notre histoire. L’occasion de multiplier les points de vue pour reconstruire un universalisme contemporain.

Avec Nadia Yala Kisukidi qui évoquera la figure de l'activiste Andrée Blouin. 

« À la croisée des histoires coloniales belges et françaises, dans le grand moment des indépendances africaines, André Blouin a une trajectoire vraiment singulière : celle d'une femme métisse, née en Centrafrique (Oubangui-Chari) puis internée dans un orphelinat pour enfants métisses au Congo Brazzaville. Elle connaît le racisme. Puis s'engage dans les luttes panafricaines en Guinée et devient compagnon de route de Patrice Lumumba. Elle meurt à Paris en 1986 ».

Nadia Yala Kisukidi est philosophe, agrégée et maîtresse de conférences à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, et actuellement co-commissaire de la Biennale Yango II à Kinshasa en République démocratique du Congo. Plutôt que d'identités multiples ou de tiraillements culturels, Nadia Yala Kisukidi préfère parler de « double présence » et interroge sa pratique philosophique depuis les deux continents. Elle invite à ne pas se résigner à la « mélancolie théorique » par une approche qu’elle nomme « laëtitia africana » : prendre toute la mesure politique des expériences diasporiques.