À la jeunesse les micros !
À la jeunesse les micros !
Quelle meilleure place y a-t-il qu’un grand festival de théâtre pour permettre à de jeunes adultes d’y interroger le monde ? En juillet dernier, douze jeunes du Vaucluse et de Seine-Saint-Denis, accompagné·es par l'association Making Waves, ont dialogué avec des metteur·ses en scène et des comédien·nes, des élu·es et des activistes, des universitaires et des associatifs, pendant plus de deux semaines en plein cœur d’Avignon. Robespierre Ganro et Mariama Seidi, ancien·nes membres du Conseil des jeunes de la MC93 ont participé à l’aventure. Entretien.
Vous revenez du Festival d’Avignon où vous avez été invité·es à animer un émission radio quotidienne. Quel est votre souvenir le plus marquant ?
Mariama : Les discussions qu’on a pu avoir autour de la préparation des émissions (notamment sur la vulnérabilité et le monde de demain), où chacun échangeait sur la manière dont il voulait aborder les thèmes choisis, et la façon dont le discours change selon notre vécu. Aussi, les conversations spontanées dans la rue après les spectacles. On a rencontré tellement de monde, des mamies, un curé, etc. Quelquefois c’était même presque trop spontané (rires).
Robespierre : Les conversations qu’on avait entre nous « en privé » ! J’ai été beaucoup touché aussi par notre rencontre avec une réfugiée ukrainienne, quand il a été question de parler de la guerre. Et pour finir, j’ai aussi un grand souvenir du spectacle Jeune mort de Guillaume Cayet qui raconte l’endoctrinement d’un jeune à l’extrême droite et la façon dont, particulièrement dans des petites villes où il n’y a pas grand-chose à faire, on est prêt à tout pour se sentir appartenir à un groupe.
Que vous a apporté le théâtre dans votre façon de penser le monde ?
Mariama : Pour moi, le théâtre contemporain résonne très fortement avec des sujets qui m’affectent dans ma vie de tous les jours. C’est comme un couvercle qu’on soulève. C’est une manière choc d’aborder les choses, dont on doit parler ! Aujourd’hui, je peux dire que j’aime le théâtre, je sais pourquoi il existe et pourquoi il doit continuer d’exister !
Robespierre : Je pense que le théâtre parle du monde et dénonce des choses, mais de façon indirecte la plupart du temps. Je pense que mon sens de l’analyse et mon esprit critique se sont développés et affinés grâce au théâtre. De base, j’étais éloigné de tout cela, ça ne faisait pas partie de mon monde. Finalement, je me suis rendu compte qu’on s’excluait nous-mêmes de quelque chose qui pouvait beaucoup nous apporter.
Quelle personnalité avez-vous apprécié interviewer ?
Robespierre : Vous savez déjà, Laure Adler. Il n’y a pas de discussion. (rires)
Mariama : Laurène Marx et Rébecca Chaillon. L’émission avec Rébecca, c’était vraiment la meilleure. D’ailleurs, c’était aussi celle avec Laure Adler, son idole. (rires)
Robespierre : Laure Adler nous a littéralement volé l’émission, elle a commencé à parler et tout le monde l’écoutait. Sa présence, sa façon de parler, sa façon d’être, sa gentillesse avec les gens, j’ai rarement vu ça, juste bravo.
Vous allez dorénavant transmettre ces savoir-faire auprès d’une nouvelle génération du Conseil des jeunes. Pourquoi cette perspective vous enthousiasme ?
Mariama : Je me sens vieille avec cette question ! C’est un peu comme si on prenait nos petits frères et sœurs sous nos ailes. J’ai juste envie de leur dire « ça c’est le monde, voici les outils, faites-en ce que vous voulez ! » Je ne veux pas imposer ma vision des choses, je les laisse créer les leurs.
Robespierre : Je crois que j’aime bien transmettre. Je veux ouvrir le théâtre et ce qu’il s’y passe aux jeunes d’ici. Je veux montrer que la programmation, elle est pour eux, qu’il ne faut pas être intimidé ! C’est une chance d’avoir ça ici.